Avocat droit des poursuites

Avocat droit des poursuites

En Suisse, le droit des poursuites constitue un domaine juridique singulier, régi principalement par la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP). Ce cadre normatif, d’une grande technicité, organise les procédures par lesquelles un créancier peut obtenir le paiement de sa créance lorsque le débiteur ne s’exécute pas volontairement. Face à la complexité de ces procédures et aux conséquences potentiellement dévastatrices d’une poursuite mal gérée, l’intervention d’un avocat spécialisé s’avère souvent déterminante. Que ce soit pour défendre les intérêts d’un créancier cherchant à recouvrer son dû ou pour protéger un débiteur contre des mesures disproportionnées, l’avocat en droit des poursuites mobilise une expertise technique pointue dans un domaine où chaque étape procédurale peut s’avérer décisive pour l’issue du litige. 

Les fondements du droit des poursuites en Suisse

Le système suisse des poursuites pour dettes repose sur un équilibre subtil entre la protection des droits des créanciers et celle des débiteurs. Contrairement à de nombreux pays, la Suisse a fait le choix d’un système unifié au niveau fédéral, avec la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP) comme pilier central, complétée par l’Ordonnance sur la poursuite pour dettes et la faillite (OLP).
Cette architecture juridique, dont les origines remontent à 1889, a connu de nombreuses modifications pour s’adapter aux évolutions socio-économiques, tout en conservant ses principes fondateurs. Le droit suisse des poursuites se distingue par sa nature formelle et ses procédures strictement codifiées, où le respect des délais et des formes joue un rôle prépondérant.
Le système s’articule autour d’une institution centrale : l’Office des poursuites. Cet organisme public cantonal constitue l’autorité d’exécution chargée de mettre en œuvre les différentes étapes de la procédure de poursuite. Son rôle consiste principalement à notifier les actes de poursuite, à procéder aux saisies et à réaliser les biens du débiteur.
L’une des particularités du droit suisse des poursuites réside dans le principe selon lequel tout créancier peut initier une poursuite sans avoir à justifier sa créance dans un premier temps. C’est au débiteur qu’il incombe de faire opposition pour contester la créance. Cette spécificité, qui peut paraître déséquilibrée, s’accompagne néanmoins de nombreux garde-fous visant à protéger le débiteur contre les poursuites abusives.
Le droit des poursuites suisse distingue deux voies d’exécution principales selon la qualité du débiteur :

  • La voie de la saisie, applicable aux personnes physiques non inscrites au registre du commerce et à certaines entités juridiques
  • La voie de la faillite, concernant principalement les personnes physiques inscrites au registre du commerce et les personnes morales

Cette distinction structurelle influence considérablement le déroulement de la procédure et les stratégies adoptées par les avocats spécialisés dans ce domaine.
Un autre aspect fondamental du système suisse concerne le registre des poursuites. Ce registre, tenu par les offices des poursuites, recense toutes les procédures initiées contre un débiteur sur une période de cinq ans. L’inscription au registre des poursuites peut avoir des conséquences significatives sur la réputation financière d’une personne ou d’une entreprise, affectant sa capacité à contracter des crédits, à louer un logement ou à conclure certains types de contrats.
Dans ce contexte, l’avocat spécialisé joue un rôle déterminant pour naviguer dans ce système procédural complexe. Sa connaissance approfondie des mécanismes du droit des poursuites lui permet d’anticiper les étapes critiques, de respecter les délais souvent très courts et d’identifier les recours possibles à chaque stade de la procédure.

Les spécificités du droit suisse des poursuites

Le droit suisse des poursuites présente plusieurs particularités qui le distinguent des systèmes juridiques étrangers. Parmi ces spécificités, on peut relever :

  • Le commandement de payer comme acte initial de la poursuite
  • Le système d’opposition simplifiée permettant au débiteur de contester facilement la créance
  • La mainlevée de l’opposition comme procédure judiciaire accélérée pour le créancier
  • Les biens insaisissables définis précisément par la loi pour protéger le minimum vital du débiteur

Ces caractéristiques reflètent la recherche d’un équilibre entre efficacité du recouvrement et protection sociale du débiteur.

Le rôle de l’avocat dans la procédure de poursuite

L’avocat spécialisé en droit des poursuites intervient à toutes les étapes de la procédure, tant du côté du créancier que du débiteur. Son expertise s’avère particulièrement précieuse dans ce domaine où les erreurs procédurales peuvent avoir des conséquences irrémédiables.

Du côté du créancier

Pour le créancier, l’avocat joue un rôle stratégique dès la phase préliminaire. Il analyse la nature et la solidité de la créance, évalue les chances de recouvrement et détermine la voie d’exécution la plus appropriée. Cette évaluation initiale est déterminante pour éviter des procédures longues et coûteuses aux perspectives de succès limitées.
L’avocat accompagne ensuite le créancier dans les démarches formelles d’initiation de la poursuite. Il rédige la réquisition de poursuite, en veillant à la précision des informations fournies, notamment concernant l’identité du débiteur et le montant exact de la créance. Cette rigueur dans la formulation est fondamentale pour éviter des contestations ultérieures.
Face à une opposition du débiteur, l’avocat du créancier préparera la procédure de mainlevée. Cette étape juridictionnelle, qui se déroule devant le juge de la mainlevée, vise à écarter l’opposition formée par le débiteur. Selon les cas, l’avocat peut demander :

  • Une mainlevée définitive, lorsque la créance repose sur un jugement exécutoire ou un acte authentique
  • Une mainlevée provisoire, lorsque la créance est fondée sur une reconnaissance de dette signée

La stratégie adoptée dépendra de la nature des titres dont dispose le créancier et des arguments potentiels du débiteur.
Lors de la phase d’exécution, l’avocat veille à ce que la saisie ou la faillite se déroule conformément aux intérêts de son client. Il s’assure notamment de l’exhaustivité de l’inventaire des biens saisis et conteste, si nécessaire, les biens que le débiteur tenterait de soustraire indûment à la saisie.
Dans les cas complexes impliquant plusieurs créanciers, l’avocat défend la position de son client dans la procédure de distribution, en faisant valoir les éventuels privilèges dont bénéficie sa créance selon l’article 219 LP.

Du côté du débiteur

Pour le débiteur, l’intervention d’un avocat peut s’avérer salvatrice face à la mécanique souvent implacable de la poursuite. Dès réception du commandement de payer, l’avocat analyse la légitimité de la créance réclamée et conseille son client sur l’opportunité de former opposition.
L’opposition, qui doit être formulée dans un délai de 10 jours, constitue la première ligne de défense du débiteur. L’avocat veille à ce que cette opposition soit formée dans les délais et selon les formes requises, en anticipant déjà les arguments qui pourront être développés lors d’une éventuelle procédure de mainlevée.
Dans le cadre de la procédure de mainlevée, l’avocat du débiteur dispose de plusieurs stratégies de défense selon la nature de la créance et le type de mainlevée demandée :

  • Contre une demande de mainlevée définitive, il peut invoquer l’extinction de la dette ou des vices affectant le titre
  • Face à une demande de mainlevée provisoire, il dispose d’un arsenal plus large, pouvant soulever toutes les exceptions de fond contre la créance

Si la mainlevée est prononcée, l’avocat accompagne son client dans la phase d’exécution forcée. Il s’assure du respect du minimum vital lors de la saisie sur le revenu et veille à ce que les biens insaisissables soient effectivement exclus de la saisie.

Dans les situations les plus graves, lorsque l’endettement devient structurel, l’avocat peut orienter son client vers des procédures spécifiques comme le règlement amiable des dettes ou le sursis concordataire, voire la faillite personnelle lorsqu’elle représente la solution la moins défavorable.

Les procédures spécifiques et les voies de recours

Le droit des poursuites suisse prévoit diverses procédures spécifiques et voies de recours, dont la maîtrise constitue une compétence distinctive de l’avocat spécialisé.

La mainlevée d’opposition

La procédure de mainlevée représente une étape charnière dans le processus de poursuite. Elle intervient lorsque le débiteur a formé opposition au commandement de payer et que le créancier souhaite poursuivre la procédure d’exécution forcée.
La mainlevée définitive est accordée lorsque le créancier dispose d’un titre exécutoire, tel qu’un jugement entré en force, une décision administrative ou un acte authentique. Dans ce cas, le débiteur ne peut faire échec à la mainlevée qu’en prouvant l’extinction de la dette ou en invoquant un sursis au paiement.
La mainlevée provisoire, quant à elle, est accordée sur présentation d’une reconnaissance de dette signée par le débiteur. Cette mainlevée peut être contestée par le débiteur, qui dispose de 20 jours pour intenter une action en libération de dette. Cette action suspend les effets de la mainlevée provisoire jusqu’au jugement définitif.
L’avocat spécialisé connaît parfaitement les exigences formelles et substantielles de chaque type de mainlevée, ainsi que les moyens de défense spécifiques à chaque situation.

Les voies de recours

Le système suisse des poursuites prévoit plusieurs types de recours, dont les conditions d’exercice et les effets varient considérablement :

  • La plainte (art. 17 LP) : dirigée contre les mesures prises par l’office des poursuites ou des faillites
  • Le recours (art. 18 et 19 LP) : contre les décisions rendues sur plainte
  • L’action en contestation de l’état de collocation (art. 148 et 250 LP) : dans le cadre d’une saisie ou d’une faillite
  • La tierce opposition (art. 106 à 109 LP) : pour les tiers prétendant avoir des droits sur les biens saisis

Chacune de ces voies de recours obéit à des règles procédurales strictes, notamment en termes de délais et de légitimation active. L’avocat spécialisé maîtrise ces subtilités et sait identifier, dans chaque situation, le recours le plus adapté et les arguments les plus pertinents.

Les procédures de redressement

Face à un endettement structurel, plusieurs procédures spécifiques peuvent être envisagées :

  • Le règlement amiable des dettes (art. 333 à 336 LP) : procédure extrajudiciaire impliquant une négociation avec les créanciers
  • Le sursis concordataire (art. 293 à 332 LP) : procédure judiciaire offrant un moratoire au débiteur pour restructurer ses dettes
  • La faillite personnelle (art. 191 LP) : solution ultime permettant un assainissement complet de la situation financière

L’avocat spécialisé évalue la pertinence de chaque option en fonction de la situation spécifique de son client et l’accompagne dans la procédure retenue. Son expertise est particulièrement précieuse dans le cadre du sursis concordataire, procédure complexe nécessitant la préparation d’un plan de restructuration convaincant.

Les défis pratiques du droit des poursuites

Au-delà des aspects juridiques, le droit des poursuites soulève de nombreux défis pratiques que l’avocat spécialisé doit savoir appréhender.

La gestion de l’urgence et des délais

La procédure de poursuite est jalonnée de délais courts et souvent péremptoires. L’opposition au commandement de payer doit être formée dans les 10 jours, l’action en libération de dette dans les 20 jours suivant la mainlevée provisoire, la plainte contre les actes de l’office des poursuites dans les 10 jours.
Ces délais stricts imposent à l’avocat une réactivité constante et une organisation rigoureuse. Une simple inattention peut avoir des conséquences irréversibles pour le client, comme la perte définitive du droit de contester une créance ou la réalisation précipitée de biens saisis.
L’avocat spécialisé développe donc des processus internes garantissant le respect scrupuleux de ces échéances, tout en sachant gérer l’urgence sans compromettre la qualité de son analyse juridique.

L’accompagnement psychologique du client

La procédure de poursuite génère souvent une charge émotionnelle considérable, tant chez le créancier frustré de ne pouvoir recouvrer son dû que chez le débiteur confronté à des difficultés financières et à la crainte de la saisie.
L’avocat spécialisé intègre cette dimension psychologique dans sa relation avec le client. Il explique les étapes à venir, clarifie les enjeux et les chances de succès, et prépare son client aux différents scénarios possibles. Cette dimension humaine de l’accompagnement, au-delà de l’expertise technique, constitue une valeur ajoutée significative.

La négociation et les solutions transactionnelles

Si la procédure de poursuite est souvent perçue comme antagoniste, elle laisse néanmoins place à des solutions négociées à différentes étapes. L’avocat expérimenté sait identifier les moments propices à une transaction et conduire des négociations constructives.
Pour le créancier, un accord peut permettre d’obtenir un paiement partiel mais certain, plutôt que de poursuivre une procédure longue aux résultats incertains. Pour le débiteur, une transaction peut offrir des conditions de remboursement adaptées à sa situation financière, évitant les conséquences d’une exécution forcée.
L’avocat spécialisé maîtrise l’art de la négociation dans ce contexte particulier, en s’appuyant sur sa connaissance des enjeux juridiques pour élaborer des solutions créatives et acceptables pour toutes les parties.

Les évolutions contemporaines du droit des poursuites

Le droit suisse des poursuites, malgré son ancrage historique, connaît des évolutions significatives liées aux transformations sociales, économiques et technologiques actuelles.

La digitalisation des procédures

La modernisation des offices des poursuites passe par une digitalisation progressive des procédures. De nombreux cantons ont développé des plateformes permettant la transmission électronique des réquisitions de poursuite et d’autres actes procéduraux.
Cette évolution technologique modifie les pratiques des avocats spécialisés, qui doivent s’adapter à ces nouveaux outils tout en restant vigilants quant au respect des exigences formelles. La dématérialisation soulève diverses questions juridiques, notamment concernant la preuve de la notification des actes ou la validité des signatures électroniques.
L’avocat spécialisé suit attentivement ces évolutions et intègre les nouvelles technologies dans sa pratique, tout en veillant à ce que la digitalisation ne compromette pas les droits procéduraux de ses clients.

La protection des données personnelles

L’inscription au registre des poursuites et la circulation d’informations sensibles sur la situation financière des personnes soulèvent d’importantes questions en matière de protection des données personnelles.
Le droit d’accès au registre des poursuites fait l’objet d’un encadrement de plus en plus strict, avec une tendance à la limitation des extraits du registre aux poursuites non frappées d’opposition. Des révisions récentes visent à mieux protéger les débiteurs contre les effets disproportionnés d’une inscription au registre, notamment en facilitant la radiation des poursuites injustifiées.
L’avocat spécialisé conseille ses clients sur ces aspects relatifs à la protection de la réputation financière et les accompagne dans les démarches de radiation des poursuites abusives ou réglées.

L’endettement des particuliers et la protection sociale

Face à l’augmentation de l’endettement des particuliers, le droit suisse des poursuites tend à renforcer certains mécanismes de protection sociale. Le calcul du minimum vital, déterminant pour la saisie sur le revenu, fait l’objet d’adaptations régulières pour mieux prendre en compte les besoins fondamentaux des débiteurs et de leur famille.
Des mesures préventives se développent, avec des programmes de sensibilisation à la gestion budgétaire et des dispositifs de détection précoce du surendettement. Plusieurs cantons ont mis en place des services spécialisés d’aide au désendettement, complémentaires à l’intervention des avocats.
Dans ce contexte, l’avocat spécialisé joue un rôle d’orientation, dirigeant ses clients vers les dispositifs d’aide adaptés à leur situation. Il contribue ainsi à une approche globale du traitement de l’endettement, dépassant la simple dimension juridique.

La dimension internationale

La mobilité croissante des personnes et des capitaux confère une dimension internationale à de nombreux dossiers de poursuites. L’avocat spécialisé doit maîtriser les règles de droit international privé applicables, notamment concernant la reconnaissance et l’exécution des décisions étrangères en Suisse.

La Convention de Lugano, qui régit ces questions entre la Suisse et les États membres de l’Union européenne, constitue un instrument juridique fondamental dans ce contexte. L’avocat spécialisé en connaît les mécanismes et sait les mobiliser efficacement, que ce soit pour faciliter l’exécution d’une décision étrangère en Suisse ou pour contester une telle exécution

Les cabinets d’avocats spécialisés en droit des poursuites développent souvent des partenariats avec des homologues étrangers pour offrir un accompagnement transfrontalier complet. Cette dimension internationale représente un atout considérable dans un contexte économique globalisé, où créanciers et débiteurs peuvent relever de juridictions différentes

Dans ce paysage juridique en constante évolution, l’intervention d’un cabinet d’avocats spécialisé en droit des poursuites constitue un facteur déterminant pour naviguer efficacement dans les méandres procéduraux et garantir la protection optimale des intérêts du client. L’expertise technique, la réactivité face aux délais contraints et la capacité à élaborer des stratégies adaptées à chaque situation font de ces professionnels des acteurs indispensables du système suisse des poursuites pour dettes et faillites.

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